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LA VIE APRÈS LA MORT
Retirée du marché il y a trois ans après avoir sombré dans l'anonymat, la Cougar est partie pour mieux revenir. Elle est ressuscitée depuis l'an dernier, sous la forme d'un coupé sport cette fois, renouant ainsi - en partie du moins - avec ses origines. Cette stratégie était visiblement la bonne, car ce retour aux sources lui a fait le plus grand bien.
Apparue en 1967 et essayée dans Le Guide de l'auto 68, la Cougar était à l'origine une jumelle de la Ford Mustang, destinée à la division Mercury. Au cours de sa longue carrière, elle a cependant changé de cap plusieurs fois. Son parcours tourmenté n'est pas sans rappeler celui de la Thunderbird.
De sa devancière, la Cougar n'a conservé que le nom. On ne peut donc parler de résurrection; il convient plutôt de dire qu'elle entreprend une deuxième vie. Sous une autre forme, s'entend: les roues motrices sont passées de l'arrière à l'avant, et la grosse bourgeoise est devenue sportive. Ainsi, ses dimensions, et donc son poids, se trouvent désormais en harmonie avec son époque.
Pour transformer ainsi la Cougar, on a utilisé une méthode aussi éprouvée qu'économique, soit l'emploi d'une plate-forme déjà existante. C'est celle de la Mondeo, version européenne de la défunte Contour, qui fut retenue. Les filiales de Ford sur le Vieux Continent ont d'ailleurs été mises à contribution dans le développement de ce coupé sport, afin qu'il soit aussi bien adapté à l'Europe qu'à l'Amérique du Nord.
UN FÉLIN QUI A DE LA GUEULE
Afin qu'elle brille de tous ses feux, on a paré la Cougar d'une tenue pour le moins flamboyante, qui ne laisse personne indifférent. Si cette silhouette ne fait pas l'unanimité, elle compte cependant plus d'admirateurs que de dénigreurs, pas de doute là-dessus. Très réussie, la présentation intérieure, qui marie modernité et efficacité, témoigne de la même recherche esthétique. L'ergonomie a fait l'objet d'une attention particulière, c'est l'évidence même. Les trois exemplaires que nous avons pu conduire montraient une finition irréprochable.
En s'installant derrière le volant, on constate immédiatement l'excellente position de conduite, mais aussi la relative fermeté des baquets, qui plaira aux uns autant qu'elle déplaira aux autres. Ça se gâte à l'arrière: le dégagement pour la tête est limité au minimum nécessaire, et c'est à peine mieux pour les jambes. La visibilité vers l'arrière se retrouve elle aussi dans la colonne des moins.
Certains diront que ces inconvénients sont le propre des coupés sport, et ils n'ont pas tort. Par contre, la Cougar se rachète avec une malle arrière aux dimensions généreuses, probablement ce qui se fait de mieux dans cette catégorie.
ÉTONNANT 4 CYLINDRES
Deux motorisations figurent au menu: le 4 cylindres Zetec (2,0 litres, 125 chevaux) à calage variable des soupapes, une mécanique moderne s'il en est une; et le V6 Duratec (2,5 litres, 170 chevaux), qui s'accompagne de freins à disque à l'arrière (au lieu des tambours de la version 4 cylindres) et de roues en alliage de diamètre supérieur (16 pouces contre 15).
Le premier s'est avéré une agréable surprise, tandis que le deuxième risque de laisser l'amateur de performances sur sa faim. Le Zetec se distingue par sa linéarité, signe d'une judicieuse répartition de sa puissance. Contrairement à ce qui est le cas avec la plupart des 4 cylindres à 16 soupapes, il se passe quelque chose sous la barre des 4000 tr/min, et on ne sent pas de creux. À ce couple appréciable s'ajoute une douceur de roulement digne des petits moulins japonais, ce qui n'est pas peu dire.
Le V6 fournit lui aussi de bonnes accélérations à bas régime, surtout lorsqu'il est jumelé à une boîte manuelle. Mais il s'essouffle vite: une vingtaine de chevaux supplémentaires seraient les bienvenus pour cette motorisation qui se veut fougueuse. Par la même occasion, on pourrait en profiter pour revoir l'embrayage, qui manque nettement de progressivité, ainsi que la boîte manuelle, rétive et imprécise. Il y a pire, certes, mais il y a mieux. Assurément.
RETROUVER L'ANIMAL EN SOI
Munies de ressorts et d'amortisseurs plus fermes, ainsi que de barres antiroulis plus larges, les suspensions de la Contour ont fait l'objet de modifications lorsqu'elles ont été prêtées à la Cougar. De plus, le centre de gravité a été abaissé. Tout ça afin de concrétiser les aspirations sportives de ce coupé désireux de retrouver l'animal en lui... Il en résulte un sous-virage peu prononcé, à peine perceptible si l'on s'en tient à une conduite normale, et un roulis joliment maîtrisé. La Cougar semble planter ses griffes dans l'asphalte, car pour atteindre la limite d'adhérence, il faut la pousser dans ses derniers retranchements. Toutes ces qualités lui confèrent une tenue de route digne d'un coupé sport, même avec ses kilos en trop.
Malgré sa précision et le dosage de l'assistance, la direction m'a laissé mi-figue, mi-raisin. Dans un premier temps, elle pèche par son trop grand rayon de braquage et dans un second temps, elle m'est apparue lente. Par contre, le freinage se place à l'abri de toute critique: ça freine fort, et vite!
Somme toute, le bilan global de la nouvelle Cougar est positif. Les amateurs de coupés sport cherchent de la performance, de l'agrément de conduite, mais aussi du style; mis à part le premier critère, la Cougar devrait les satisfaire pleinement. D'autant plus qu'elle se démarque par des qualités plus rationnelles, mais non moins importantes, telles que son confort, sa qualité d'assemblage et la fiabilité de ses organes mécaniques. Autrement dit, il y a là un beau mélange de raison et de passion.