Jadis l’enfant chérie des consommateurs à la recherche d’un brin de sportivité dans un créneau composé de voitures raisonnables au possible, la Mazda3 a malheureusement été victime – eh oui, elle aussi – de cette vague utilitaire qui s’abat sur l’industrie automobile depuis au moins une décennie.
Les ventes ont dégringolé à un niveau inquiétant, il faut l’avouer. Que va devenir la bonne petite voiture compacte agile, nerveuse et fiable si les gens ne l’achètent plus? Bon, ne craignez rien, Mazda n’a pas l’intention – pas tout de suite en tout cas – d’abandonner sa 3, d’autant plus qu’il vient de remanier de fond en comble sa « voiture » la plus vendue pour 2019.
J’ai pu faire l’essai d’une livrée GT de la berline, tout juste après avoir essayé une livrée aussi bien nantie de la Mazda3 Sport, à la seule exception que celle-là était équipée de nouveau rouage intégral pour 2019. La berline qui fait l’objet d’un essai approfondi aujourd’hui se base donc sur la bonne vieille recette que Mazda utilise depuis belle lurette, une berline à roues avant motrices équipée d’une boîte automatique à six rapports.
Fiche technique de la Mazda3 2019
Format compact, vraiment?
Comme toutes les autres catégories de véhicules, la Mazda3 a grandi au fil des années. D’ailleurs, les quelques curieux qui m’ont abordé au sujet de la voiture que je conduisais n’en revenaient pas lorsque je leur avouais qu’il s’agissait d’une Mazda3. Moi-même habitué aux dimensions accrues des véhicules modernes, j’ai cru en la regardant que j’avais devant moi une version modernisée de la Mazda6 de première génération. En fouillant un peu, je me suis rendu compte que la nouvelle 3 est plus large, plus haute et dotée d’un empattement plus long que la 6 des années 2000. Il n’y a qu’au niveau de la longueur que la Mazda3 2019 est légèrement plus courte que la première 6. Ça en dit long sur la croissance des véhicules!
L’influence KODO
En seulement quelques années, le département de design de la marque a su redonner une nouvelle identité à la gamme des véhicules Mazda et la nouvelle 3 s’inscrit dans cette veine. La transformation amorcée avec l’ancienne 3 se poursuit avec cette quatrième génération du modèle qui, je dois l’admettre, est particulièrement réussie en livrée berline. Je ne peux malheureusement pas dire que j’aime la silhouette de la version Sport – l’épaisseur du pilier C est simplement trop large –, mais en ce qui a trait à cette livrée GT, avec ses jantes de 18 pouces, la Mazda3 paraît encore plus mature qu’elle ne l’était il y a quelques mois à peine.
La portion avant, avec sa grille de calandre élargie et ses blocs optiques, demeure sobre sans les antibrouillards habituels. Vers l’arrière, cette ceinture de caisse surélevée vient se greffer à cette bande chromée qui sert de contour à la fenestration. Encore une fois, je me dois de souligner la pureté des lignes, un commentaire qui s’applique aussi au postérieur de la berline. Comme Mazda se plaît à le répéter depuis quelques saisons déjà, l’objectif à moyen terme est de rehausser l’image de marque du constructeur en élaborant des véhicules mieux ficelés.
Je n’ai d’autre choix que de confirmer le tout avec la Mazda3 2019, mais il reste encore du travail à faire, notamment à la fermeture des portières. Le son qui retentit lorsque la portière se referme est celui d’une voiture bon marché, pas celui d’une berline luxueuse. Évidemment, la philosophie SkyActiv y est pour quelque chose (dans cette légèreté de la portière), mais tout de même, le constructeur est capable d’améliorer ce détail.
Et l’habitacle, lui?
C’est le même constat à l’intérieur : Mazda cherche désespérément à rehausser son image avec une ambiance digne de certaines berlines allemandes. Dans son communiqué de presse, le constructeur affirmait avoir ajouté du rembourrage dans les sièges de première rangée pour augmenter le confort, et à ce niveau, je me dois de féliciter les concepteurs. D’ailleurs, il semble que beaucoup d’efforts aient été déployés pour que les surfaces de l’habitacle soient moelleuses au possible, des panneaux de portière, à la planche de bord, en plus de la console centrale.
Le volant est également digne de mention (lire agréable à tenir en main), le constructeur qui maîtrise cet aspect depuis fort longtemps, tandis que la position de conduite est facile à trouver grâce aux nombreux ajustements du siège électrique et de la colonne de direction télescopique.
J’aime beaucoup la forme trapézoïdale de l’écran central qui, à l’instar des autres modèles de la marque, s’avère assez facile d’utilisation pour ce qui est de la navigation du moins à cause de cette grosse molette, des boutons avoisinants et même du petit bouton pour le volume de la chaîne audio à la droite de la console. Un mot au sujet de cette surface noire lustrée entre les deux occupants : cette finition finira par s’user prématurément; déjà quelques égratignures étaient présentes à cet endroit.
Si la première rangée impressionne par le confort de la sellerie et les nombreuses fonctions disponibles, la deuxième rangée rappelle qu’on est assis à bord d’une berline compacte Mazda. Outre l’accoudoir central et les leviers d’ouverture des fenêtres, il n’y a pas grand-chose à ajouter sur cette portion de l’habitacle. Pas de prise USB ou de buse de ventilation centrale ici, juste une banquette repliable 60/40 qui, je dois l’admettre, est assez rembourrée pour les longs trajets.
Agrément de conduite 101
Je pourrais m’étendre sur le fait que même la Mazda3 perd des plumes en ce qui a trait à son offre de la boîte manuelle, mais je ne le ferai pas. De toute manière, le passage à la boîte de vitesses automatisée s’accélère, même dans une compacte agile et plaisante à conduire comme la Mazda3. Malgré l’absence d’une troisième pédale, cette berline GT n’a pas perdu de son lustre. En conduite urbaine, la voiture demeure civilisée, la boîte automatique qui travaille sans rouspéter, à condition de ne pas enclencher le mode Sport, car celui-ci rend la mécanique plus nerveuse dans ses réactions.
En revanche, lorsqu’on pousse un peu plus la machine (et avec le mode Sport), la Mazda3 répond merveilleusement. La direction est juste assez précise (sans être trop lourde), la suspension se veut un heureux mélange de confort et de sportivité, tandis que le freinage répond présent à chaque occasion. Même que, j’ai pu faire l’expérience du système intelligent d’aide au freinage lorsqu’un autobus scolaire a freiné brusquement à une intersection. J’avais relâché la pédale de frein, puisque le gros véhicule jaune venait de repartir… pour freiner aussitôt! Résultat : le dispositif, même s’il m’a surpris, a stoppé net la berline.
Quant à la motorisation 4-cylindres de 2,5-litres, la puissance (de 186 chevaux) et le couple (de 186 lb-pi) sont amplement suffisants pour mouvoir la représentante de Mazda au quotidien. Il est vrai que le nombre de rapports de l’unité automatique paraît limité en cette ère où de plus en plus de véhicules comptent sept, huit, neuf ou dix rapports, mais à la défense du petit constructeur nippon, cette boîte de vitesses a le mérite d’être bien adaptée à ce bloc de 2,5-litres.
Le mot de la fin
J’éprouve un sentiment mi-figue mi-raisin suite à mon premier essai de la Mazda3 2019. Il y a encore du travail à faire au niveau de la qualité générale de la voiture, c’est certain. Mais heureusement, l’âme de la 3 demeure intacte, et ce, malgré les dimensions accrues. Le gamin en moi souhaite vivement que le constructeur s’active au développement d’une Mazda3 épicée, sous la bannière Mazdaspeed, mais je ne retiendrai pas mon souffle, car la priorité de la marque en ce moment est de réussir son virage vers les énergies propres. Maintenant, qu’on nous amène la motorisation SKYACTIV-X!