Je ne suis pas un amateur des VUS qui prennent des allures de coupés. Le mariage obtenu avec ce mélange de styles a donné naissance à des bibittes bizarroïdes, disons. Dans les cours des concessionnaires, le spectacle est… inhabituel. Vous le remarquerez particulièrement si vous êtes à la base un amateur de ce que proposent les constructeurs allemands ; les stylistes de ce pays semblent très enclins à arrondir la forme du toit de leurs créations, quitte à reproduire l’effet Volkswagen Beetle sur le plus grand nombre de VUS possible.
Pour autant que je me sente malaisé en présence d’une catégorie de véhicules qui a été inventée de toutes pièces par un département de marketing, j’ai toujours été curieux de vérifier si un produit en particulier pouvait faire oublier son aspect peu pratique et ses proportions inhabituelles avec la présence d’une mécanique offrant un petit quelque chose de magique. Autrement dit, existe-t-il quelque part un moteur qui serait en mesure d’enrayer le malaise que je ressens à l’idée d’être vu au volant d’un véhicule au physique aussi ingrat ?
C’est avec cet état d’esprit que j’ai approché mon séjour à bord du BMW X4 M40i 2019, la variante la plus performante de ce petit VUS agile – du moins jusqu’à ce qu’on ait droit à la version M dont les rumeurs à son sujet se font persistantes. Est-ce que son moteur turbo allait réussir à me faire changer d’idée à propos de lui ? Est-ce qu’il serait impossible de découvrir suffisamment de livres-pieds de couple pour me faire changer d’avis à propos de son style de compromis ?
En avant toute
En ce qui a trait à la mécanique, le 6-cylindres en ligne qui loge sous le capot bombé du X4 M40i est certes omniprésent à travers la famille de produits BMW, mais on parle d’une ubiquité qui est ici très bienvenue. Ce bloc, magnifiquement développé, sert à merveille une panoplie de modèles de la marque. Au service de notre version d’essai, la fiche technique faisait état d’une puissance de 355 chevaux et d’un couple de 365 livres-pieds, gracieuseté de l’approche biturbo dont profite cette mécanique. On ne parle pas d’un vrai moteur M (plus un cousin), mais n’empêche, d’une unité susceptible de me faire changer d’avis.
J’en profite ici pour ouvrir une parenthèse. En aucun temps je ne crois la puissance annoncée comme juste. Voyez-vous, le X4 fait près de 2000 kilos et pourtant, il est possible d’effacer le 0-100 km/h en seulement 4.5 secondes à son volant, à condition de bien exploiter le mode Launch Control. Le calcul ne fait aucun sens. Je suis prêt à parier que cette modestie annoncée par la mécanique est davantage une stratégie de marketing ayant pour objectif de bien positionner le véhicule dans la gamme.
Qu’importe la réelle poussée, la mécanique turbo est aidée et encouragée par deux acolytes qui prennent les formes d’une transmission automatique à huit rapports et d’une traction intégrale, servie de série. Cette dernière est assistée par un différentiel arrière « actif » qui est au repos la plupart du temps, du moins jusqu’au moment où le contrôle de la stabilité soit désactivé. À ce moment, il entre en fonction pour diriger le couple là où c’est nécessaire pour faciliter la prise de virages. En coupant totalement le système DSC, vous retrouvez un différentiel bloqué qui rend très prévisible la distribution de la puissance lorsqu’on accélère au milieu d’un virage.
Concrètement
Et comment est-ce que le moteur de ce BMW X4 M40i se débrouille lorsqu’on compare ses performances sur la route à celles imprimées sur papier ? D’abord, ce mensonge à propos des 355 chevaux devient beaucoup plus évident. À n’importe quelle vitesse, ou presque, écraser la pédale d’accélération nous récompense avec une poussée qui ne semble pas avoir de limites. Mesurée à celles de rivaux, elle est suffisante pour laisser ces derniers dans la brume. C’est particulièrement probant lorsqu’on actionne le mode Sport +. Ce dernier rend plus brusques les changements de rapports, mais plus efficaces, aussi. Quant à la direction, elle devient très aiguisée.
Pour ce qui est de la symphonie qui se laisse entendre lorsque le M40i s’exprime, elle est moins harmonieuse. Entre les fausses notes du moteur envoyées dans les haut-parleurs et les rots importants des pots d’échappement, on sent que le X4 veut en faire trop, un peu comme si pour impressionner la galerie, on se pointait à une soirée à l’opéra avec des jeans, un manteau de cuir et une casquette placée à l’envers.
Rapide ; vraiment rapide
Est-ce que les accélérations rapides comme l’éclair du BMW X440i ont réussi à me convaincre, finalement ? Pas tout à fait. Il est vrai que les amateurs d’accélérations vont apprécier la puissance brute que les organes mécaniques du X4 mettent de l’avant. Et s’ils ne s’attendent pas à faire symbiose avec le véhicule à la négociation d’un virage, ils vont apprécier ses qualités générales.
Pour ce qui est de l’expérience dans son ensemble, on doit parler d’un compromis, soit entre le style inhabituel du véhicule et ses capacités exceptionnelles. À chacune des occasions où il a été possible de chatouiller la zone rouge du compte tours, je n’ai pu m’empêcher de souhaiter que je me retrouve plutôt au volant d’une berline ou d’une sportive plus légère.
Heureusement, c’est toujours possible, puisque le constructeur n’a pas abandonné le segment de la voiture de luxe, même si des modèles comme le X4 essaient de nous convaincre que leur époque est révolue.