En 1968, Steve McQueen et le réalisateur Peter Yates révolutionnaient le monde du cinéma et de la conduite automobile en présentant au grand écran, dans le film Bullitt, la plus mythique des poursuites automobiles dans les rues de San Francisco. C’est ainsi qu’est née la légende, et que la Mustang verte conduite par l’acteur est passée à l’histoire.
Quelques 50 ans plus tard, et pour une 4e fois, Ford a décidé de renouer avec la légende en proposant une version moderne de la célèbre Mustang Bullitt. Et c’est dans les rues de San Francisco, mieux encore sur le parcours même emprunté par Steve McQueen pour la plus célèbre poursuite de l’histoire du cinéma, que j’ai pu mettre à l’épreuve cette nouvelle génération de Mustang Bullitt.
Un look cool
La Ford Mustang Bullitt de 1968 était une version Fastback, verte Highland, relativement discrète si ce n’est sa sonorité exceptionnelle, et sa capacité de résister aux nombreux sauts qu’elle a dû effectuer au moment du tournage. Il a d’ailleurs fallu une deuxième voiture pour compléter les autres séquences du film, la version sauteuse ayant un peu souffert de ses nombreux atterrissages.
C’est cet aspect relativement discret, et totalement cool, que Ford a voulu reproduire avec l’édition 2019 de la Bullitt. Discret parce que la Mustang n’arbore nulle part le logo du cheval auquel on est habitué. Tout au plus affiche-t-elle le logo du film, une cible avec le nom au centre, sur la base du hayon, simulant du même coup le capuchon du réservoir d’essence qui y était autrefois logé.
Pour le reste, oubliez le clinquant, les ailerons surdimensionnés ou les trop voyantes moulures chromées. On a jouté la carte de la discrétion en gardant la voiture monochrome, ou presque, ne consentant un compromis qu’aux bordures chromées des fenêtres et de la calandre. Calandre qui, par ailleurs, est totalement noircie, tout comme le sont les rouges en alliage de 19 pouces. Seul l’étrier de frein Brembo, peint d’un rouge vif, transcende cette noirceur.
Même le quadruple échappement, une des caractéristiques uniques de la Bullitt, offre aussi des embouts noircis. Échappements qui, il faut le préciser, sont dotés de soupapes actives. Ici, une petite explication s’impose. Oui, tout comme la Ford Mustang GT, la Bullitt dispose du mode « échappement silencieux » qui permet de limiter le ronronnement du moteur.
Avouons cependant qu’il serait dommage de se priver de la véritable symphonie que provoque ces échappements, spécialement remaniés pour offrir la même sonorité que la Bullitt originale. Et même si on a un tantinet retouché la qualité sonore pour la perfectionner un peu à l’intérieur, c’est encore la brutalité mécanique du ronronnement qui rend le son si unique. En fait, petite confession journalistique, lors de notre essai, nous tentions de passer le plus souvent possible dans les multiples tunnels de la région de San Francisco, histoire d’ouvrir nos fenêtres et de savourer la réverbération du son qui devenait totalement enveloppant. En passant, on nous dit que la Bullitt possède aussi un système audio efficace, mais ne me demandez pas comme il joue; j’étais trop préoccupé par le son du moteur pour l’évaluer.
Sportive assumée
Sous le capot de la Mustang Bullitt 2019 se cache le même moteur V8 5,0 litres que l’on retrouve dans la Mustang GT. On a cependant joué un peu avec les réglages, obtenant 20 chevaux de plus pour un total de 480, et 420 livres-pied de couple. Le résultat, c’est une vitesse de pointe de 15 kilomètres/heures plus élevée que la GT de base, à quelque 262 km/h.
Pour transmettre cette puissance aux roues arrière, comme il se doit, on compte sur une boite de vitesses 6 rapports manuelle dont la précision est étonnante, même si la course de levier est un peu plus longue que je ne l’anticipais. Petit détail nostalgique, le pommeau du levier est une boule blanche, un peu comme une boule de billard, sur laquelle on a peint le tracé des différents rapports.
Pour garantir une tenue de route quasi sans reproche, Ford Canada mise sur la suspension Magnetic Ride de série (optionnelle aux USA) qui limite considérablement le roulis, mais qui permet quand même de profiter de la précision de la direction, et de sa rapidité de réponse, pour placer le véhicule en bonne position, même en virage serré. C’est cette même suspension que j’aurais bien aimé testé au saut, mais les gens de Ford m’en ont dissuadé. Fortement dissuadé pourrais-je même dire.
Un petit mot aussi sur le confort intérieur qui, malgré les prétentions sportives de la Bullitt, n’a rien à envier aux Mustang traditionnelles. Mieux encore, on a conservé la personnalité unique de la voiture en lui imposant ici et là des symboles de sa personnalité spéciale. Du nombre, des surpiqures vertes, et un affichage 12 pouces de série, mais qui s’allume sur une silhouette de la voiture et le nom Bullitt plutôt que sur le traditionnel cheval.
Notons que peu d’options sont offertes sur la voiture. Outre le choix de couleur (le vert traditionnel ou le noir profond sont les seules possibilités), on peut au besoin opter pour des sièges Recaro plus sportifs et plus soutenants, même si les sièges de série sont amplement suffisants. L’ensemble navigation est aussi optionnel, mais là s’arrête les choix à faire.
Un rêve réalisé
C’est un peu comme si j’avais fait partie de l’histoire. Prendre part au lancement de la Ford Mustang Bullitt, l’année même du 50e anniversaire du film, moi qui suis un fan de la poursuite et de l’acteur qu’était Steve McQueen, c’est un rêve réalisé.
Tôt le matin, pour éviter le trafic de San Francisco, et malgré la présence d’une lourde brume, nous avons sillonné les rues de la ville, montant et descendant au rythme d’une poursuite nostalgique un parcours connu d’avance. Et je n’ai pu m’empêcher d’avoir un sourire niais et un petit frisson en prenant le virage de la rue Taylor avec une certaine insistance, un peu comme l’original.
Puis ce fut la randonnée sur les routes de campagnes sinueuses et montagneuses à souhait. Là ou l’accélération de la machine, et son couple aisément accessible, permettait d’enfiler les trajectoires les plus serrées, sans trop rechigner.
Comme toutes les Ford Mustang, la Bullitt n’offre pas la meilleure visibilité. Vers l’arrière, la surveillance des angles morts est un défi (merci système électronique embarqué). Vers l’avant, le long capot plongeant semble ne jamais vouloir finir.
Les places arrières sont inconfortables, c’est vrai. Le volant un peu trop gros, et son boudin offre une prise en main parfois exigeante, ce qui est aussi exact.
Mais quand on appuie sur le bouton de démarrage que l’on entend le ronron du moteur, que l’on sent vibrer la tôle et le siège, et plus encore quand on voit le pont Golden Gate dans la brume, on devient vraiment le lieutenant Bullitt!
La Ford Mustang Bullitt est offerte à partir de 57 025$.